Améliorer
la prise en charge
des accidents vasculaires cérébraux |
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Pas moins de 130 000 accidents vasculaires cérébraux surviennent
chaque année. Au terme du premier mois, environ 20 % des patients
décèdent tandis que 75 % des survivants ont des séquelles
définitives. C’est la première cause de handicap acquis
de l’adulte, souvent âgé dans les pays occidentaux.
Avec l’augmentation de l’espérance de vie, cette maladie
prendra dans les prochaines années une ampleur inédite.
Pour y faire face, une restructuration de sa prise en charge s’avère
nécessaire.
L’accident vasculaire correspond à un arrêt brutal
de la circulation sanguine au niveau du cerveau. Les accidents vasculaires
cérébraux (AVC) sont la plupart du temps dus soit à
un caillot dans l’artère (c’est le cas trois fois sur
quatre), soit à une hémorragie, sorte de rupture des parois
du vaisseau. Le vieillissement de la population laisse présager
d’une augmentation de l’incidence et du poids de cette maladie
pour la société.
Réformer l’organisation
des soins
Depuis plusieurs années, les experts
soulignent l’intérêt vital de considérer l’accident
vasculaire cérébral comme une extrême urgence, comme
l’infarctus du myocarde. Seul des examens radiologiques permettent
de distinguer le type d’attaques cérébrales et ainsi
de choisir le traitement adapté. Le traitement de l’AVC requiert
une prise en charge pluridisciplinaire.
On sait aujourd’hui que la prise
en charge dans une unité neurovasculaire spécialisée
s’accompagne d’une réduction d’environ 30 % des
décès ou des dépendances par rapport à des
unités non spécialisées.
Rapportées à la France, ces
techniques entraîneraient la réduction d’environ 7
000 décès ou dépendances par an. Ce bénéfice
est immédiat et se maintient encore 10 ans après la crise.
"Nous savons qu’une prise en
charge globale et structurée permet de réduire de manière
significative le nombre de décès et la dépendance.
La prise en charge de cette maladie met en jeu la qualité de l’ensemble
de la filière de soins. Il nous faut réformer profondément
l’organisation des soins". C’est en ces termes que s’est
exprimé le Ministre délégué à la santé
Bernard Kouchner lors de la présentation du programme national
de lutte contre les maladies cardiovasculaires.
Restructurer l’offre
de soins
Le séjour dans les unités
neurovasculaires spécialisées sont en moyenne plus courts
que dans des services non spécialisés. Ainsi, le bénéfice
en terme de réduction de la mortalité, des handicaps et
de la durée d’hospitalisation s’accompagne d’une
réduction des coûts de prise en charge des patients. Ainsi,
l’Allemagne compte déjà près de 80 unités
de ce type, quand la France n’en compte qu’entre 10 et 15.
Mais c’est une restructuration de
toute la filière de soins qui est engagée avec la nomination
du Pr. Hommel comme expert coordinateur national. La filière de
soins va de l’alerte à la réadaptation à domicile
en passant par l’admission, les traitements d’urgence, l’accès
au plateau médico-technique...
Président de l’Association
France AVC, le Dr. Jacques Boulliat dénonçait en octobre
2001 dans une interview à Doctissimo l’inégalité
de la capacité d’accueil d’un département à
l’autre. Certaines régions disposent de plusieurs centres
de rééducation alors que d’autres en sont dépourvues.
Bernard Kouchner précise que "Le
Pr. Marc Hommel du CHU de Grenoble devra impulser et accompagner la restructuration
de l’offre de soins dans le cadre d’un programme pluriannuel.
De plus, chaque Agence Régionale d’Hospitalisation désignera
un coordinateur pour accompagner à l’échelon régional
le projet médical de réorganisation ; Tous les schémas
régionaux d’organisation des soins de troisième génération
devront intégrer un axe traitant des accidents vasculaires cérébraux".
Parallèlement, des recommandations
sur la prise en charge des AVC seront publiées par l’Agence
nationale d’accréditation et d’évaluation en
santé (ANAES) en juin 2002.
David Bême
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