• Un couple d'aphasiques
  • Des aphasiques en cours de gymnastique
  • Des aphasiques qui chantent
  • Des aphasiques en cours de gymnastique
  • un aphasique avec son in

 

Orthophonie

J. Couillet - Orthophoniste (à Garches)
Chaque aphasique est différent, les cas purs n'existent que dans les livres. Ne parlez pas de mutisme, ce n'est pas le bon terme, "émet des sons inarticulés ou des assemblages de phonèmes sans sens ou des phrases automatiques" convient mieux.
Les aphasies motrices sont souvent accompagnées d'une hémiplégie droite. le manque du mot peut correspondre à plusieurs choses. C'est la caractéristique des aphasies post traumatiques. Le manque du mot peut aussi être présent mais de manière différente dans l'inhibition du langage des aphasiques de Broca, ce qui n'a rien à voir avec l'anarthrie (problème pur d'articulation où le patient ne sait plus bien placer les élements de ses organes phonateurs pour articuler correctement les phonèmes de la langue) la récupération du langage oral comme écrit passe le plus souvent dans le cas d'aphasie non fluente par un agrammatisme (perte de la syntaxe).
L'attention des aphasiques: elle est perturbée surtout dans les modules complexes attentionnels, c'est à dire l'attention sélective, l'attention divisée, la flexibilité. C'est dû au fait que ces modules sont gérés par un superviseur attentionnel (SAS) qui utilise les mêmes canaux que la mémoire de travail. Cette mémoire de travail possède dessous-modules esclaves dont un est la boucle phonologique, évidemment très fragile chez les aphasiques. et donc.....

S. Masson - Orthophoniste en cabinet (à Cormeilles)
Lorsque nous avons réalisé le bilan orthophonique pour voir ce qui pouvait être fait, la rééducation avait dejà débuté depuis plusieurs années en hôpital et en centre spécialisé. Les troubles recensés avaient été longuement travaillés. Alexis présentait donc de façon réduite mais toujours invalidante :
une anarthie,
un manque du mot,
un aggrammatisme,
un trouble attentionnel,
des troubles exécutifs.

Dans le cadre des reéducations de syndromes neurologiques, chaque trouble correspond à un protocole de rééducation très précis dont Alexis avait dejà largement béneficié. La consigne de l'hôpital qui l'envoyait était d'essayer de favoriser la communication.
il me restait donc à être le vieux pot dans lequel on ferait la nouvelle soupe. J'attaquais cette reéducation tout en me demandant comment je pourrais favoriser la communication en contournant les troubles. Il a fallu quelques séances avant que la réponse ne s'impose. nous avions eu commun un humour facétieux qui fournissait le point d'ancrage de nos discussions et exercices Au cours de nos deux et demi de travail ensemble, nous avons pu revenir sur bien des excercices classiques.
A ce jour, malgré des évolutions, les difficultés de départ restreint présentes. Pourtant, j'ai tendance à croire que le pari du travail de la communication était valable. Alexis a maintenant le sens de la répartie.


Tout de suite après l'accident (ou après le coma), la rééducation orthophonique est débutée (en ce qui me concerne cela fait déjà 21 années, c'est loin). Lors de mes séances d'orthophonie, j'ai réalisé différents exercices (les mouvements devant être les plus symétriques possible) ; en voici quelques exemples :
mettre la langue vers le nez, puis vers le menton et alterner
tirer la langue, la rendre la plus pointue possible
mettre la langue à l'intérieur de la joue de gauche à droite sans bouger la tête ni le menton gonfler les joues en augmentant la pression, rentrer les joues et recommencer
mettre la langue sur la commissure gauche, puis droite, et alterner
mordre la lèvre supérieure, la lèvre inférieure, après à nouveau recommencer
faire claquer la langue (je n'y parviens pas encore)
répéter 3 fois A, E, I, O, U
répéter 3 fois LA, LE, LI, LO, LU

Mon orthophoniste m'a donnée cet exercice à faire 3 ans ans après mon accident pendant mon stage de reclassement professionnel.
Périodiquement, je travaille sur ces exercices pour améliorer mon articulation. On a beaucoup travaillé l'articulation pour parvenir à différencier les lettres suivantes :
p/b
t/d
f/v
s/z
g/j

Au début, je ne parlais plus ; quand j'ai reparlé, les consonnes précédentes que je prononçais étaient semblables pour mon entourage, mais pas pour moi... j'avais beaucoup de mal à ressentir les vibrations de mes cordes vocales. Aujourd'hui, ca va beaucoup mieux....
On a également travaillé l'attention, l'intonation, la fréquence, à l'aide de logiciels.
J 'avais des difficultés avec la grammaire (en particulier avec les prépositions : à ou de, et les pronoms), la conjugaison (verbes pronominaux, concordance des temps...) et ce n'est pas fini ........mais j'ai progressé. Les troubles de la mémoire à court terme, restent pour moi encore gênant aujourd'hui. Peu à peu, cela revient mais c'est long. La lecture reste un exercice difficile mais il faut lire...
Mon premier livre proposé par mon orthophoniste, après mon accident, était le lion de Kessel. Je lisais quelques pages par intermittence chez moi à haute voix (ce n'était pas voulu, mais lire dans ma tête était impossible). Parfois je m'endormais. Souvent, je relisais le même paragraphe ou la même page (je n'étais pas assez attentif).
Je devais résumer par écrit sur ordinateur ce que j'avais lu et le donner à mon orthophoniste. Le livre était agréable et facile à lire. J'ai fait plein d'erreurs que l'on corrigeait ensuite ensemble.
Alexis Vinceneux